La page que
vous allez consulter ici présente une partie des
résultats de trois années de recherche, et de plusieurs
heures passées à déchiffrer des copies de contrats
notariés. |
1839
Testament et vente à Félix: Edward a tout près de 63 ans le jour où il fait son testament ( voir Testament d'Edward). Le même jour, lui et Marie son épouse, vendent à leur fils Félix une partie de leur terre, soit 50 âcres sur le lot no 4, avec maison et bâtisses. Le contrat stipule qu'ils continueront d'y habiter jusqu'à ce qu'ils décident de se construire leur propre maison sur la partie de terre qu'il leur reste, auquel cas Félix s'engage à leur construire une maison de 16 pieds sur 18. Le même contrat précise plusieurs détails, en particulier celui du jardin que les parents pourront continuer de cultiver sur le terrain vendu, en attendant que leur fils leur en prépare un nouveau, au lieu et aux dimensions de leur choix!
1844
Félix achète la terre voisine: Cette terre appartient à une veuve, du nom de Mary Richardson, veuve de Thomas Armstrong. Il s'agit du lot numéro trois, d'une superficie de cent âcres. La vente est assortie, comme c'est toujours le cas à cette époque, d'une foule de conditions toutes aussi cocasses les unes que les autres. Ainsi, par exemple, la veuve s'engage à laisser ses deux chevaux à l'usage de Félix pour effectuer les travaux du premier été. Elle lui donnera aussi un chaudron de dix seaux, et Félix lui donnera cent livres de sucre du pays, tout cela à part du prix de vente de cent vingt-cinq louis, dont les modalités de paiement sont définies avec grande précision. La terre de Félix prend de l'expansion pour la première fois.
1845
Première donation d'Edward et Marie en faveur de Félix: Edward et Marie prennent de l'âge; Edward a maintenant 69 ans, et Marie en a 56. Ils décident donc, en janvier (il est important de le noter), de "se donner" à leur fils Félix. C'est que qu'on appelle "faire une donation"? Il s'agit en fait d'un acte légal par lequel les parents donnent leur propriété à un de leurs enfants en retour de leur hébergement et du soin de leur personne. Pourquoi à Félix, qui n'est pas l'aîné? Parce que l'aîné, Edouard, est déjà marié depuis quelques années, et installé sur sa propre terre. Félix, on s'en souvient, habite avec ses parents, de qui il a acheté une partie de leur terre l'année-même de son mariage avec sa Marguerite, soit en 1839. Aujourd'hui, Félix est en moyens: il possède une terre assez vaste, sur laquelle il réussit bien.
Edward et Marie se donnent à leur fils dans un acte passé chez le notaire Louis-Basile David, et que l'on retrouve au bureau d'enregistrement de Drummondville. C'est une donation un peu "timide" dans le sens que les parents prennent leurs précautions, si je puis dire. Lisez plutôt l'extrait suivant:
"Cette donation est faite à la charge par le Donataire d'entretenir les dits Donateurs selon son moyen et décemment avec lui et de la même manière qu'il vivra lui-même et sans distinction et de les soigner tant en maladie qu'en santé. Et en cas d'incompatibilité d'humeur, le Donataire fournira aux Donateurs une chambre commode et chauffée à leur besoin et commodité en les nourrissant et entretenant tel que convenu ci-dessus."
Le contrat de donation dresse une liste très intéressante des biens transmis à Félix. Voici cette liste:
"Tant pareille donation de ce qui suit savoir d'un cheval sous poil noir d'environ seize à dix sept ans d'âge, quatre moutons, trois femelles et un mâle, un poêle simple de fonte de trois pieds avec ses tuyaux tels qu'ils sont sans cendrier, une horloge de bois trois chaudrons une marmite un bombe, une poêle, une robe de carriole, un harnois complet, une sleigh, une meule deux armoires un buffet deux vieilles haches, deux coffres, une huche, treize poules et un coq et trois oies, et tout généralement leurs meubles et immeubles qu'ils les dits donateurs pourront posséder à leur mort sans contrevenir à la loi."
On notera avec grand intérêt qu'au recensement de 1831, Edward ne déclare pas de cheval; celui qu'il lègue aujourd'hui à Félix a donc été acquis depuis 1831; s'il avait été acquis en 1832, par supposition, il aurait eu alors 3 ou 4 ans...Voilà, ce semble bien, à part leurs affaires personnelles, l'ensemble des possessions d'Edward et Marie! Cette donation ne durera pas très longtemps...
1845
Félix renonce à la donation de janvier: Il n'y a que les sots qui ne changent pas d'idée! C'est sans doute ce que se sont dit les Connolly. Malheureusement, les contrats ne nous donnent pas les pensées intimes des gens qui les contractent! Mais toujours est-il qu'on constate qu'à peine 10 mois après leur donation à leur fils Félix, on change d'idée chez Edward et Marie! On retourne chez le notaire, et Félix renonce à la donation que lui avaient consentie ses parents en janvier dernier. Edward a-t-il eu des regrets?
La résiliation passée chez le notaire David défait complètement l'acte de janvier, biens meubles et immeubles compris. Félix s'engage à donner à ses parents, dans le cours de décembre qui vient, huit minots de "bleds" et dix minots d'avoine, c'est tout.
1850
Deuxième donation d'Edward et Marie à Félix: Cette fois-ci, ce sera pour de bon, cinq ans après la première donation. Edward a 74 ans... Nouveau contrat, nouvel enchevêtrement de clauses touchant celui-ci et celui-là! Cette fois, Edward et Marie exigent une chambre séparée bien à eux. Edward cède à Félix ses deux vaches. Félix devra payer toutes les justes dettes du couple, ce à quoi il pourra employer la moitié de la pension versée à Edward par le gouvernement en vertu des services rendus à l'armée anglaise. Les vieux parents s'inquiètent pour deux de leurs enfants, en particulier. Félix devra donner une génisse à son frère Pierre dans le cours de l'année 1851; et au décès des parents, il devra donner à sa soeur Marguerite un "lit garni".
Il faut noter que Félix et sa femme Marguerite on déjà une famille respectable de six enfants. Cela fait donc une bonne maisonnée!
1854
Félix achète le lot numéro deux: Les terres de Félix s'élargissent encore avec l'achat du lot numéro deux de la British American Land (signature de Sir Alexander Galt, agent de la cie). Avec cette nouvelle acquisition, Félix possède maintenant près de 300 âcres sur la Longue Pointe de Wickham, savoir les lots no 2, 3, et la presque totalité du lot no 4.
1857
Décès d'Edward. Le père décède au mois d'août 1857, à l'âge respectable de 81 ans. C'était sans doute un homme vigoureux, compte tenu qu'il n'a pas eu une vie bien facile. Il a combattu en Europe durant les guerres Napoléoniennes, ensuite dans les Antilles, puis au Canada, où il a été blessé aux deux jambes lors de la bataille de Fort Georges.
1861
Durant l'hiver, Marie sent venir la mort à son tour, et rédige son testament le 15 mars. Elle y dit en effet "being now in great bodily trouble and near prospect of death": elle avait bien raison la pauvre vieille, puisqu'elle décède effectivement quatre jours plus tard, âgée de 72 ans. Il s'agit quand même d'un âge fort respectable compte tenu des conditions de vie de l'époque et du nombre d'enfants qu'elle a mis au monde. Son testament est simple; elle y donne tout ce qui lui reste à son plus jeune, Henry, à savoir le quart du lot numéro 4 qu'Edward s'était réservé et lui avait transmis à sa mort. Pour le reste, Marie n'en possédait que l'usufruit, Edward ayant séparé le tout lui-même entre les enfants.
1867
Félix vend une partie de sa terre à son fils. Félix prend de l'âge à son tour: il a maintenant tout près de 50 ans, et une bonne partie de sa famille est élevée. Il vend donc 200 âcres de terre à son fils Alfred, pour la somme de 2000$ au cours de l'époque: c'est une somme considérable. Mais la transaction inclut tous les bâtiments érigés sur les terres vendues. Félix conserve les 75 âcres qu'il possède depuis longtemps sur le lot 4, à savoir la terre "ancestrale".
Fin de l'époque des aïeux!
Mise à jour 28-10-09